Inauguration des serves et journal de bord des chantiers de restauration des serves à Saint Amant Roche Savine
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Inauguration le 27 avril 2024
Les Serves restaurées ont été inaugurées. Lors d’une journée particulièrement fraîche et ventée, une quarantaine de motivés est venue participer à l’inauguration officielle des serves savinoises, réhabilitées grâce au Budget écologique citoyen du département du Puy-de-Dôme.
L’association Les Serves a présenté la genèse de ce projet puis une visite sur les chemins fraîchement couverts de broyat a permis à chacun de découvrir le résultat de la restauration de chaque serve, de comprendre les techniques mises en œuvre pour leur confection, de constater le retour rapide de la biodiversité (tritons, grenouille, plantes aquatiques…)
La visite s’est terminée autour d’un pot de l’amitié offert par la municipalité de Saint-Amant-Roche-Savine.
Malheureusement, en raison des conditions climatiques fort défavorables, l’après-midi d’animation sur site a dû être annulé. Toutefois, les visiteurs présents ont pu découvrir ce lieu bucolique agrémenté de panneaux de bois explicatifs finement illustrés.
Lien vers l’article de la Montagne
Vous trouverez ci-dessous le bilan sous forme de journal de bord des différentes étapes et chantiers qui ont jalonné l’année (issu de la collecte des différents articles réalisés par le collectif lauréat des serves)
C’est parti…
Dans le cadre du chantier de restauration des serves, les travaux de terrassement ont eu lieu fin juin 2023.
Paulo était à la manoeuvre, il avait une feuille de route à sa disposition.
Dès l’entrée au bord de la route, il est parti tout droit puis a élargi le sentier existant.
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La serve qui doit faire l’objet d’une restauration par le chantier collectif a été nettoyée et défrichée. Environ 70cm de vase ont été retirée. On savait qu’elle était grande mais on a aussi appris deux ou trois choses.
À savoir :
- elle est profonde, environ 1m40.
- elle est alimentée par un mince filet, un fond d’environ 20cm existe.
- son fond justement est étanche.
il n’y a pas de bonde
Puis on a poursuivi notre chemin vers la deuxième serve. Celle-ci n’est pas nettoyée, juste défrichée sur ses abords.
En effet, elle doit être conservée en eau cet été afin que la vie amphibie puisse ne pas être agressée par nos interventions.
Le nettoyage a permis de voir que son trop-plein continue de verser. Il faudra faire en sorte que le trop-plein soit redirigé vers la première serve. Pour cela, un chemin a été ouvert en ligne droite pour faire une rase.
Enfin on a poursuivi vers la serve principale.
Et là ! Surprise ! Elle est en eau !
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L’hypothèse qu’une résurgence était bloquée par le terrain argileux juste au-dessus de la serve était la bonne. Une canalisation en pierre était présente qui drainait la résurgence. Elle sera remise en état.
Là aussi :
- pas de bonde
- un fond argileux encore étanche
- environ 70 cm de vase retirée
Mais aussi :
- 2 autres résurgences
- 70cm d’eau remplis en à peine 24h
Nous avons enfin rejoint l’entrée côté chemin. Non sans vérifier que la serve destinée à rester sèche était bien aussi dégagée.
Le sentier a été volontairement damé afin de permettre un meilleur accès au site. Les chantiers peuvent commencer !
Le chantier participatif visant à restaurer une première serve s’est tenu du 13 au 17 juillet. Celles et ceux qui ont pu y participé en garderont, nous croyons, un souvenir nettement moins douloureux que les courbatures occasionnées et nettement plus impérissables.
Nous aurons l’occasion de remercier à nouveau toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation du chantier. Nous prévoyons de diffuser au cours de l’été le journal du chantier au jour le jour, accompagné des photos prises à cette occasion.
Le voilà … Bonne lecture…
Journal du chantier – le 13 juillet 2023
Plus de monde que prévu le matin pour le démarrage mais en fait tout le monde ne venait pas au chantier.
Nous avons eu la visite d’un habitant du bourg qui se demande si nos travaux n’ont pas eu un effet sur l’eau du puits familial situé à quelques centaines de mètres. Nous lui avons fait constater le peu de profondeur de nos travaux antérieurs. Il se fera son idée.
Par ailleurs, l’équipe de Détours était venus débroussailler la plateforme où était prévu le barnum. En effet, en ce jour de rédaction de cet article, une table de pique-nique confectionnée par leur soin vient d’être installée. Elle n’est pas couverte comme prévue initialement mais peut-être plus tard…
Bien entendu, l’équipe n’était pas au courant du démarrage du chantier. Nous avions fait le débroussaillage quelques jours auparavant. Mais ils sont bien tombés ! Après le café, on leur a emprunté leur bras pour nous aider à déplier le barnum. Là on était prêt pour installer le coin repas.
Ensuite, on a reçu la livraison du sable argileux. Et plus tard, en début d’après-midi, juste après le repas, on a réceptionné les 28 tonnes d’argile. Pas facile de faire la manœuvre pour le poids lourd. Mais, bon ! Ils sont habitués.
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Mais le vrai boulot de la journée, c’était de tomber les pierres encore en place et finir d’enlever la vase qui restait au fond afin de marcher dans la serve sans y laisser sa chaussure.
On a eu la chance et le plaisir d’accueillir pour un stage Découverte d’une journée, 4 jeunes de la mission locale d’Ambert.
Myrthé, Anthoni, Charlotte et Matthieu. Sans casquette et en baskets, l’équipe s’est prise au jeu et a été particulièrement efficace.
C’est l’occasion de noter qu’en termes de bénévoles, nous comptions ce jeudi 4 hommes et 3 femmes. Au cours des jours qui suivirent, la présence féminine allait se renforcer. De quoi déjouer les stéréotypes liés aux travaux de la pierre.
Le démontage des pierres s’est fait de façon ordonnée. Il fallait les disposer dans des rangées faisant face au mur démonté et dans l’ordre inverse de démontage, face apparente : les pierres les plus hautes étant les plus éloignées. Ceci afin de faciliter le travail de remontage.
A midi, l’équipe de la HLM, elle-même dans son chantier participatif, partageait sa cuisine et
son repas pour nous qu’Isabelle nous a ramenés. Après le repas, les énergies étaient décuplées.
La trouvaille de la journée a été la mise en évidence de l’alimentation canalisée de la serve.
En fin de journée, l’objectif était atteint. Les murs étaient démontés, les matériaux étaient livrés.
On pouvait commencer le remontage le lendemain.
Sauf que…
Comment faire les mélanges pour la bétonnière ? En effet, s’il y a de l’eau sur le terrain, elle est en dessous des tas d’argile et de sable disposés sur la route. Et nous voila partis à la recherche d’une tonne à eau et d’une bétonnière thermique. Finalement, Christophe retournera chercher la sienne à Valcivières et quant à l’eau, un coup de main des maçons locaux Nico et Paulo allaient débloquer la situation.
Journal du chantier – J2 – le 14 juillet 2023
La deuxième journée de chantier a commencé par une excellente nouvelle.
En finissant de tomber les dernières pierres encore en place, on a retrouvé la bonde !
Et non seulement, on l’a retrouvé mais en plus elle était bien conservée. C’était autant de temps d’économiser pour ne pas en refaire une.
Enfin comble de l’ironie, on l’a retrouvé à une vingtaine de centimètres à côté de la tranchée qui a été faite deux jours avant pour évacuer l’eau.
Un petit aparté technique s’impose.
Enterrée au niveau du sol de la serve, la bonde est constituée de deux pièces en bois : une planche trouée d’un orifice d’une dizaine de centimètres posée sur une poutre évidée sur sa longueur pour faire office de gouttière.
Leur longueur n’est pas précisément connue puisqu’en étant enterrée, elles passent sous le mur de la serve.
À la bonde s’ajoute un bondoux, c’est-à-dire un bouchon, également en bois, taillé en cône pour s’insérer dans le trou.
Le bondoux est lui-même creux sur son axe vertical.
D’après notre artisan, ce creux visait à insérer un manche coiffé d’un tissu pour le colmater. Cela permettait alors de débonder en deux temps.
D’abord, enlever le manche et ainsi laisser le plus gros volume d’eau de la serve, puis ensuite le bouchon pour vider l’eau restante.
En effet, retirer l’eau en une seule fois aurait pour conséquence d’araser le sol et donc d’enlever à chaque fois un peu plus du manteau d’argile qui le couvre et assure l’étanchéité du fond de la serve.
Voici trois photos prises en fin de chantier, les 16 et 17 juillet
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Pendant le chantier, on l’a recouverte d’une pierre pour la localiser et surtout ne pas l’abimer.
Maintenant qu’il fallait rebâtir la serve, l’objectif de journée consistait à poser la première ligne de pierres sur les quatre murs, celle qui fait office de fondation pour les suivantes.
Mais avec la découverte de la bonde, un deuxième objectif s’ajoutait : retrouver sa sortie.
En effet, lors des travaux préliminaires de défrichage et nettoyage, afin de faciliter les passages liés aux travaux et ceux futurs pour la promenade, Paulo a élargi la zone qui entoure la serve d’un bon mètre.
C’est donc sous cette zone récemment comblée et damée que devait se trouver la sortie.
En glissant un rameau souple de saule dans la bonde, on pouvait estimer là il fallait refaire une tranchée. Le problème était qu’une souche de saule était pile poil en face de notre axe.
Il a fallu toute la fougue de Brice, efficacement secondée par Mathilde, pour creuser autour de la souche, et finalement mettre à jour la canalisation empierrée de l’évacuation.
Ainsi la nouvelle évacuation reprenait la sortie de l’ancienne, contournait la souche et rejoignait celle creusée deux jours auparavant.
A la fin de la journée, l’objectif était atteint.
Une attention particulière fût apportée à l’arrivée d’eau pour la consolider.
Et déjà, en termes de bénévoles, la présence féminine dépassait celle masculine, pour un total de 7 bénévoles sur le chantier.
Cela sans compter nos bénévoles au catering dont le rôle a été crucial pendant toute la durée des travaux.
Journal du chantier- J3– le 15 juillet 2023
Les troisième et quatrième journée, samedi et dimanche, ont consisté à rebâtir la serve pierre par pierre, niveau par niveau, mur par mur.
Par exemple entre cette photo ci-dessous …Et celle ci-après
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Une journée de travail avait été réalisée
Pour ce résultat, plusieurs tâches étaient nécessaires.
Tout d’abord, il fallait aller s’approvisionner en eau dans le bourg. Ainsi, 2,4 tonnes d’eau ont été estimées utilisées
Il fallait préparer le mortier près des tas d’argile et de sable et …parfois… aller le chercher avec les dents
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Transporter les pierres une à une (voire deux) en brouette
Heureusement, nous étions choyés par une équipe extraordinaire côté restauration des ventres.
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Les moments de repas étaient des vraies pauses détendues où toutes les forces physiques et morales se reconstituaient.
Et l’énergie du collectif s’épanouissait
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Plusieurs visites ont émaillées ces deux jours. Les scouts et nos voisines de l’association APIS Amber
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Et surtout M. Collay et son épouse. Il garde encore le souvenir d’avoir travaillé aux champs au milieu de ces serves. C’était dans les années 50 avant ses 18 ans et avant que le travail ne l’appelle à la ville.
Enfin la journée s’est terminée par un moment festif et convivial animé par el vero y unico Max.
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De quoi envisager la dernière journée dans les meilleures conditions.
Journal de chantier – J4 – 16 juillet 2023
Il ne s’agissait que de :
- poser les dernières rangée de pierres le long du mur ajouté devant le talus
- bâtir la canalisation d’évacuation du trop-plein
- ramoner le conduit d’arrivée pour vérifier qu’il n’était pas obstrué
- reboucher la bonde
- … et attendre
Poser les dernières rangées de pierre
Peut-être que le simple fait d’entrevoir la fin du chantier a rendu les pierres plus lourdes. Toujours est-il qu’il a bien fallu toute la journée pour finir ces trois dernières rangées.
Et là Christophe nous facilitait le travail en nous aidant dans le choix des pierres.
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La journée avance et il semble qu’on n’avance pas. N’est-ce pas, Alin ? Eh bien, le cuivre de sa peau témoigne de l’effort consenti. Nous en avons été toutes et tous témoins.
Et puis on finit par y arriver.
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Bâtir la canalisation du trop-plein
Le choix a été fait d’une canalisation apparente. Jointoyée par l’argile elle devrait être étanche et elle sera facile à entretenir.
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Même si elle est prête à jouer son rôle, elle devra être finie dans un prochain chantier pour arriver au bord du talus où elle pourra verser.
Ramoner le conduit d’arrivée
Qui l’eût cru ! En tout et pour tout, c’est presque vingt mètre de tiges qui ont été utilisée pour remonter la canalisation.
C’était parfois très étroit, comme si le passage était obstrué. On a failli perdre la queue de cochon qui servait à ramoner.
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Au final, il semble qu’en fait de bouchage, ce soit le saule qui avait poussé pile à la sortie de la canalisation qui obstruait le plus.
Christophe a émis l’idée que cela pourrait faire l’objet d’un prochain chantier que de remonter la canalisation et de la rebâtir le plus haut possible afin de pérenniser l’alimentation de la serve… Affaire à suivre.
Reboucher la bonde
Pour rappel, le bondoux est le bouchon qui est lui-même creux afin d’évacuer l’eau en deux temps. Il fallait donc trouver un manche qui s’ajuste au trou du bondoux.
Pour colmater le pourtour où le manche s’insère un tissu était déchiré sur le champ et enroulé autour du manche.
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Enfin, une fois planté, le bondoux était recouvert d’argile afin d’en assurer l’étanchéité.
… et attendre
Eh oui ! Parce que nous n’avions plus l’envie de se quitter.
Alors on a décidé de sécuriser dès le soir même le site. Huguette a pris les choses en main.
Puis on a forcément pris un verre de l’amitié pour s’hydrater
On a pensé à prendre la photo de famille même si beaucoup ne sont pas là. À commencer par Isabelle N. qui a dû nous quitter plus tôt et Aurèle qui prend la photo. Mais on inscrit dans le fond invisible de la photo les silhouettes d’Océane, Brice, Stéphane, Alexis, Patrice, Marie, Guy, Anthoni, Myrthé, Matthieu, Charlotte, Mathilde, Adèle, Héloïse, Pauline et Nathanaël.
Comme il restait des vivres, un apéro dînatoire s’est improvisé de lui-même.
Le soleil se couchait, il fallait bien ranger le matériel
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Et puis, dans l’intimité qu’apporte la douceur d’une nuit d’été, prendre un dernier souvenir de la serve restaurée et constater qu’elle se remplit déjà petit à petit.
Serve 3
Si le temps le permet, le chantier de restauration pour la troisième serve va débuter dès ce lundi 18 septembre 2023.
Il y aura donc un mail prochain pour vous informer quand ce sera terminé.
Alors qu’il y a-t-il d’intéressant à savoir de plus dans la période qui s’ouvre ?
Eh bien, pour que le chantier puisse avoir lieu, il a fallu que dès jeudi notre Paulo national ait curé et nettoyé la serve.
Autrement dit, pendant la courte semaine qui s’ouvre, il est possible de visiter la serve avant sa restauration et surtout…
… surtout voir le débit qui s’écoule de son arrivée.
Pour mémoire, cette serve est celle qui a toujours conservé son eau. Au point où elle avait toujours un trop-plein qui versait en contrebas, quelque soit la saison.
Donc on le sait. Il y a de l’eau.
Mais voir ce qui coule après deux sécheresses estivales et une sécheresse hivernale au milieu, ça réchauffe le cœur le plus endurci !
Avant nettoyage et curage Après nettoyage et curage
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L’association tient à remercier l’entreprise Terre-Eco-Rénovation qui a mené à bien la restauration de la troisième serve.
Nous publions ici quelques photos qui illustre tant bien que mal (ah le contrejour en fin de journée juste derrière la bonde !) la rapidité avec laquelle la serve se remplit… et se vide aussi.
En effet, nous avions mesuré 2l/m de débit. Et on constate que la serve se remplit à hauteur d’environ 10cm par jour
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Mais, comme les trois autres, on observe aussi une fuite au niveau de la bonde. Fuite qui, comme les autres, devrait se colmater (ou tout au moins se réduire) avec le temps.
Il n’empêche, la fuite semble proportionnelle au débit.
Comme nous en profitions pour visiter les autres serves, on y constate qu’une végétation caractéristique du milieu aquatique commence à y prendre place. On se réserve les photos le temps de procéder à leur identification.
Et puis, aux abords de la serve terminée au mois d’août, tandis que je m’approchais pour trouver un angle adéquat pour photographier les plantes, j’ai la perception d’un mouvement… ça bouge sur l’herbe… mais où précisément ?.. Un plouf ! Et une petite grenouille qui se retourne en un seul geste et glisse, telle une naïade, se cacher dans l’ombre immergée de la pierre la plus proche.
Là, nulle photo. Seulement la vision.
et depuis…
Enfin un automne pluvieux !
A priori rien de miraculeux à ce que les serves se remplissent.
Et bein si !
Ci-dessous la serve restaurée lors du chantier collectif. Encore une bonne rangée de pierres avant d’atteindre le trop-plein.
Ci-après la serve restaurée au mois d’août par l’entreprise JB Martin. Il reste entre un ou deux centimètres avant que le trop-plein ne se mette en service.
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Enfin la serve restaurée par l’entreprise Terrre-Éco-Rénovation en septembre. Enfin colmatée et, fatalement, le trop-plein entre en action
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Ça n’a l’air de rien ces histoires de trop-plein mais ça compte. Parce que si un filet d’eau ruisselle continûment en aval de la serve alors une biodiversité bien spéciale peut trouver à s’y loger.
S’il est d’un débit à peine plus important, c’est une petite zone humide et spongieuse qui se forme. C’est à peine différent de ce qui se passe dans l’eau des serves.
On va demander à des gens qui sauront mettre des mots sur ces nuances et on vous tient au courant. Rendez-vous l’année prochaine. Et d’ici là, bonnes fêtes à toutes et tous.
Pour finir une photo d’une serve enneigée
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